Karen Fingerhut, une sculptrice française qui se lance dans le yarnbombing
Devenir futur Yarnbomber, Karen en rêve ! Même si cette sculptrice française de 45 ans ne se considère par encore être une Yarnbomber à part entière. Urban tricot rencontre cette Yarnbomber en herbe dans sa ville aux Lilas.
Image Métro Lilas - facebook Yarn Bombing Lilas
Aurélie Urban Tricot: Dites-nous qui est Karen ?
Karen : J’ai 45 ans, j’habite aux Lilas, je suis intermittente du spectacle donc décoratrice, et sculpteur en atelier pour des publicités, des décors de cinéma et plateaux. J’ai 20 ans de carrière et je travaille différents matériaux de synthèse, résine latex cirage, etc…
Vous considérez vous comme une artiste ?
Non, je ne peux pas vraiment dire cela. J’ai une démarche d’artiste, mais je ne suis pas artiste. Alors, il faut bien comprendre que la sculpture est mon métier, mon outil de travail. Donc Lorsque je travaille, je ne produis pas des œuvres d’art, mais des commandes. Il n’y a pas de processus créatif en cela. Personnellement, j’ai toujours était très manuelle, je m’intéresse à tout cet univers. Il m’arrive de réaliser des œuvres d’art, j’ai aussi développé un travail de création de céramique. Vous pouvez le retrouver sur mon site. Mais pas de là à me déterminer en tant qu’artiste.
Le tricot est presque automatiquement rapporté aux mamies, comment avez-vous été initié au tricot ?
J’ai 45 ans, je ne suis pas encore mamie rires, mais oui, c’est un fait. J’ai appris le tricot environ à 8 ans, je me débrouille très bien sans être experte. Au-delà du tricot à des fins vestimentaires, ce qui m’intéresse, c’est la façon dont on peut le dériver, utiliser les tissus… J’ai une curiosité sur toutes les pratiques possibles avec le tricot et le crochet.
Parlez-nous du projet yarnbombing au Métro des Lilas, comment en avez-vous eu l’idée ?
J’ai l’habitude de participer à une manifestation de Street art au Lilas. Mais l’endroit ne s’y prête pas, car il n’est pas très perçu par le cœur de la ville. Il y a un an, je me baladais aux Lilas en rentrant chez moi et je me demandais quel endroit serait idéal pour un yarn bombing et j’ai pensé au métro. C’était notre tout premier projet en mai 2016. Je dis notre car oui, c’est moi qui a eu l’idée du yarnbombing mais toutes les œuvres réalisées depuis le début sont des œuvres collectives. J’ai fourni les idées, c’est tout.
Quelles ont été les étapes du projet du métro ?
J’avais déjà réalisé des projets aux Lilas type flashmob, où l’objectif est identique, c’est-à-dire rassembler des personnes d’horizons divers, pour réaliser un projet commun. Je me suis mise en relation avec différentes associations dont les personnes âgées en utilisant les médias locaux la maire la maison de retraite… Le projet à démarré début février. Premièrement, nous avons organisé les dons de laine. Puis, donné des instructions pour la réalisation de carreaux tricotés d’une certaine taille. Nous nous retrouvions pour tisser lors du café tricot. Enfin il y a eu le jour d’installation au début du mois de mai et l’étape de démontage après l’exposition.
Avez-vous eu des difficultés à mobiliser les autorités locales ?
Non, car comme je l’ai dit, ce n’était pas la première fois que j’organisais un évènement dans la ville. Au contraire tout s’est extrêmement bien déroulé. Saut peut-être la RATP, il n’y a eu aucune réticence de la part des élus locaux. Ils nous ont seulement demandé de recycler le tissu après le projet.
Combien de temps avez-vous exposé votre travail ?
C’est resté en place durant un mois.
Est-ce qu’il y a eu des dégradations ?
Non à notre grande surprise ça n’a pas du tout été dégradé. Les gens étaient extrêmement bienveillants et avenants.
Quelle fut la réaction des habitants des Lilas ?
Extraordinaire ! Les gens sont venus nous voir pendant l’installation, ils étaient très bienveillants, ils nous demandaient pourquoi nous faisions ça, c’était de belles réactions. Malheureusement je regrette que nous n'avions pas eu le temps de recueillir ces réactions. Des gens issus de l’immigration semblaient tout particulièrement touchés. J’ai notamment rencontré un vieux monsieur qui était très ému, car cela lui évoquait sa grand-mère.
Autre phénomène sur l’esplanade du métro, les passants prenaient le temps d’échanger là où l’on ne faisait que passer auparavant. Beaucoup s’arrêtaient pour prendre des clichés.
Quels sont vos projets aujourd’hui?
Dans la continuité de ce projet, j’ai fondé le collectif Zone Urbaine à Tricoter ZUT, avec le noyau dur des acteurs ayant participé au projet métro. Nous venons de terminer une sirène à un peu plus de 10 personnes. C’est notre premier travail qui va plus loin que le strict habillage. Nous préparons un projet en mai 2017 toujours sur le métro. J’invite tous ceux qui veulent participer à me contacter. Facebook : yarn bombing Lilas, ou ZUT.
Réalisation collectif ZUT - Facebook Collectif ZUT
Peut-on vous appeler futur Yarn Bomber ?
Au niveau plus personnel, je travaille sur un projet entièrement réalisé par moi-même. J’espère développer artistiquement cet aspect yarn bombing. Effectivement, vous pouvez me souhaiter de devenir artiste sculpteur, Yarn Bomber à part entière.